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Les condamnés à mort au Japon.

Textes choisis

Otohiko Kaga


« Qu'on s'imagine un nombre d'hommes dans les chaînes, et tous condamnés à la mort [...] C'est l'image de la condition des hommes. » (Pascal, Pensées)

 

« Le condamné à mort entre la vie et la mort - Une particularité inhumaine du système d'exécution des condamnés à mort au Japon » (extrait de Apprendre de la mort des proches (Mijika na shi no keiken ni manabu), Shunjyusha, 1986)


Otohiko Kaga raconte : J'avais vingt-six ans quand j'ai obtenu un poste en tant que médecin attaché à la Maison de détention de Tokyo. J'ai choisi ce métier par une sorte de curiosité intellectuelle pour les prisonniers condamnés à mort. Depuis, j'ai eu nombre d'occasions de discuter avec eux face à face. À l'époque, il y avait une quarantaine ou une cinquantaine de condamnés à mort dans cette maison. Il y avait deux sortes de détenus ; des accusés qui ont été condamnés à mort en première et deuxième instance et qui se sont pourvus en cassation, et des condamnés à mort définitivement (selon le droit pénal japonais, un jugement « définitif » ne change jamais). Une fois le jugement définitif officiellement émis, l'exécution doit être effectuée dans les six mois au plus tard. L'ordre d'exécution est donné par le ministre de la Justice après le jugement définitif. Pourtant, il arrive souvent que l'exécution se fasse attendre pendant plusieurs années en réalité. Pourquoi cette suspension ? Nous pouvons évoquer plusieurs raisons : une demande en révision déposée par l'accusé, un appel immédiat par l'accusé qui proteste contre la décision du juge, etc. Mais surtout, la raison la plus grave est que l'exécution ne sera pas pratiquée si le ministre de la justice n'appose pas son cachet. Il peut arriver qu'un ministre qui se refuse aux exécutions n'appose jamais son cachet. Chaque nomination d'un nouveau ministre de la Justice change donc complètement la donne et la situation des condamnés. Un ministre peut décider d'exécuter de nombreux condamnés, mais le ministre suivant peut ne jamais prendre les décisions d'exécution. Parfois donc, aucune exécution n'est pratiquée pendant deux ou trois ans et, en conséquence, la maison de détention se trouve débordée par le nombre des condamnés qui attendent leur exécution. La procédure d'exécution est donc en vérité assez irrégulière au Japon.


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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.