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  Dossier : Le Japon aujourd'hui
De civilisation à civilisation
 
 

Matatabi : vers le cinéma japonais

contemporain

Jean-Michel Durafour


L'expression de « nouveau cinéma japonais »,  neo-eiga , fait aujourd'hui consensus pour désigner le cinéma japonais contemporain : soit, plus précisément, le regain de vigueur dont a bénéficié le cinéma japonais au début des années 1990, après plus d'une décennie d'incertitude. Il est important, néanmoins, pour le spectateur ou le critique occidental de ne pas se tromper de cible. Parler du nouveau cinéma japonais ne doit pas induire en erreur. Le paysage cinématographique actuel au Japon est loin d'être unifié, ni même de seulement présenter la cohérence qui était celle de l'époque des studios, dont l'âge d'or avait correspondu avec la découverte du cinéma japonais en Occident dans les années 1950 (voir le phénomène Rashômon à la Mostra en 1951 ou les prix festivaliers systématiques de Mizoguchi entre 1952 et 1956). A bien des égards, la formule de « neo-eiga » n'a qu'une vocation allogène : différencier le cinéma japonais actuel, premièrement, du cinéma « classique » (des Naruse, Ozu et autres Ichikawa) et, deuxièmement, du reste du cinéma mondial ; elle n'en constitue aucunement un principe intrinsèque descriptif ou normatif. Matatabi  : c'est déjà, pour le néo-cinéma japonais, une quête d'identité et d'unité .

(...)

(1) J'emprunte le mot matatabi , « vagabond », au matatabi-mono , le film de joueur ou samouraï errant. Ce genre, hérité par le cinéma du théâtre kabuki , fut notamment représenté dans les années 1960, quand le jidaigeki (le film historique) ou le yakuza-eiga (le film de yakuza) se tintèrent, chez Misumi, Okamoto ou Fukasaku, de nihilisme et de cynisme. - Je laisse, d'autre part, volontairement de côté l' anime et le cinéma documentaire, soit respectivement, et dans le vocabulaire de Donald Richie, le genre le plus « présentationnel » et le genre le plus « représentationnel », pour m'intéresser plus spécifiquement au cinéma de fiction qui évolue entre ces deux extrêmes.


Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.