L’enfouissement
Jean-François Chassay
Il se sentait seul dans son île. Tu te souviens, il disait « qu’on
oublie que Montréal est une île, ça me tue. »
Je l’entendais et je me disais : « il nous propose
un jeu ». Nous pensions, je n’étais pas le seul :
« il aime donner l’impression qu’en lui tout se
noue ». Vous l’encouragiez, allez, plains-toi, montre-nous
à quels saints tu te voues. « Ils sont fous »,
répétait-il à notre propos, comme s’il s’adressait
à la caméra, « disent n’importe quoi, néant,
nil. » Il rêve, rêvasse, muse, s’emplit d’une
ville qui le déborde de partout. Nous le répétions,
de plus en plus émerveillés à mesure que le temps
passait. Non seulement aucun citadin en savait autant que lui, mais l’ensemble
des Montréalais n’approchait même pas sa conscience
de cette ville, son érudition, les connexions qu’il pouvait
établir. Comme un ordinateur ? Vous vous trompez, cette comparaison
ne lui convient nullement.
(...)
Nb : la totalité de ce texte est disponible dans la version papier
de Cités.
|