Sortir
de nos mythistoires
Entretien avec Alain Dubuc
Propos recueillis par Sabine Choquet
SABINE CHOQUET : Est-ce qu’il y a encore une chance pour que le
mouvement souverainiste apparaisse comme un mouvement d’avenir ?
Et si, pour vous, il n’est pas porteur d’un projet qui permette
le développement du Québec, pouvez-vous nous en indiquer
les raisons ?
ALAIN DUBUC : Je ne crois pas que le souverainisme soit un mouvement d’avenir
et qu’il puisse en devenir un car, dans sa forme même, il
cherche à résoudre des problèmes propres au Québec
des années 1960. Le mouvement souverainiste est né de l’existence
d’une oppression réelle dont souffraient les Québécois
francophones – oppression qui se manifestait dans leur incapacité
de s’épanouir et de s’imposer au sein du Canada en
raison de leur langue et de leur culture. Cette situation a engendré
chez les francophones un sentiment d’injustice et un mécontentement
qui ont explosé quand le Québec, au début des années
soixante, a produit des élites capables d’exprimer cette
colère. C’est cette colère qui a donné naissance
au projet consistant à créer un pays où les Québécois
cesseraient d’être minoritaires et seraient à l’abri
de l’oppression. Aujourd’hui, la situation a considérablement
changé. Il y a bien sûr toujours des tensions au sein du
Canada et la situation des Québécois francophones, minoritaires
au Canada, restera toujours inconfortable. Mais l’oppression qui
a justifié et donné naissance au mouvement souverainiste
n’existe plus, ce qui lui a fait perdre sa principale raison d’être.
(...)
Nb : la totalité de cet entretien est disponible dans la version
papier de Cités.
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