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  Dossier : Le Québec, une autre Amérique
Dynamismes d’une identité
 
 

Poétiques de la traversée :
Montréal en traduction


Sherry Simon


Anne Carson est un poète connue à l’échelle internationale qui vit et enseigne à Montréal. Spécialiste du grec classique, elle a contracté une déformation professionnelle. Lorsqu’un texte lui semble incompréhensible, elle regarde automatiquement la page de gauche, à la recherche de l’original pour éclaircir le sens de ce qu’elle lit. Ce réflexe se manifeste même quand le texte qu’elle lit n’est pas bilingue et qu’il n’y a pas de « page de gauche ». C’est comme si elle était à la recherche d’un état d’expression limpide, « avant le zéro », explique Carson (cf. « Translation and Humanism », Communication, Liberal Arts College, Université Concordia, 29 novembre 2000).
Vivre à Montréal, c’est évoluer souvent dans un monde de pages de droite, là où l’expression est confuse. L’anglais infiltre le français, le français tente en vain de résister à ces incursions. La traduction doit en principe servir à mettre de l’ordre dans les langues, à les tenir séparées. Mais lorsque deux langues sont en contact constant, comme c’est le cas à Montréal, la traduction est mise à l’épreuve.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.