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  Dossier : Le Québec, une autre Amérique
Dynamismes d’une identité
 
 

Grandeur et déclin des églises au Québec

Louis Rousseau


L’image que donne de lui-même le Québec depuis près de quatre décennies est celle d’une société à forte majorité francophone dont les manifestations culturelles populaires comme savantes, ainsi que le développement des programmes de l’État, traduisent avec audace tous les traits d’une postmodernité séculière née sur les brisants de la révolution culturelle des années soixante-dix. Ceux qui s’en étonnent croient savoir que cette société nouvelle émerge alors d’on ne sait trop combien d’années ou de siècles de domination conservatrice de l’Église catholique et de son clergé. La rapidité exceptionnelle des transformations serait d’ailleurs l’exact corrélat de l’intensité du pouvoir religieux finalement renversé par les acteurs laïcs de la « Révolution tranquille ». Un peu de sociologie et d’histoire (Lucia Ferretti a écrit la meilleure synthèse historique disponible : Brève histoire de l’Église catholique au Québec, Montréal, Boréal, 1999) contribueront peut-être à disposer d’un stéréotype particulièrement tenace.
Le stéréotype dominant l’imagination publique comme celle de la majorité des analystes impose l’image d’une société ayant toujours été unitaire et fervente sur le plan religieux. On réduit alors logiquement la question religieuse québécoise contemporaine à l’ascendance catholique française ainsi qu’à la domination puis à la défaite de l’institution ecclésiastique. Or, l’étude des données religieuses obtenues à partir des recensements décennaux de Statistique Canada (Frédéric Castel, « Progrès du catholicisme, influence de l'immigration. Les grandes tendances de l'affiliation religieuse depuis la Seconde Guerre mondiale », dans L’Annuaire du Québec 2004, sous la dir. de Michel Venne, Montréal, Fides, 2003, p. 273-282) et d’autres enquêtes récentes imposent une révision majeure à ce qui tient lieu de prêt à penser.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.