Entre
le culturel et le civique :
les voies (accidentées)
de l’accommodement raisonnable
Jocelyn Maclure
Parmi les défis auxquels sont confrontées les démocraties
constitutionnelles, celui de l’intégration civique est l’un
des plus pressants. Peu de sociétés occidentales peuvent
en effet faire l’économie d’une réflexion sur
les conditions du lien social et de la stabilité politique. Pour
ne considérer qu’une poignée d’exemples, le
Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Espagne
et l’Australie se trouvent tous confrontés à la tâche
de développer des modèles d’intégration civique
qui répondent à la double exigence de la cohésion
sociale et du respect de la diversité culturelle. Cela s’explique
non seulement par la diversification culturelle croissante des sociétés
contemporaines découlant de l’augmentation des flux migratoires,
mais aussi par la constitution progressive d’une nouvelle norme
de justice s’incarnant dans le respect (reconnaissance, accommodement)
de la diversité culturelle. Cette norme, propre à la période
postcoloniale et fruit d’une série de luttes pour la reconnaissance
d’identités jusque-là marginalisées ou opprimées,
s’est traduite politiquement par la délégitimation
graduelle du paradigme de l’assimilation comme mode d’incorporation
civique et rapport à l’altérité (Voir Charles
Taylor, Multiculturalisme. Différence et démocratie,
Paris, Flammarion, 1994 ; et James Tully, « Une étude
de la politique de l’identité », dans Comprendre
les identités culturelles, sous la dir. de S. Mesure et W.
Kymlicka, Paris, PUF, 2000, p. 193-218).
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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