Sommaire général
 
  Dossier : Le Québec, une autre Amérique
Dynamismes d’une identité
 
 

Les apories de l’intellectuel québécois.

L’exemple de Léon Dion

Georges Leroux


Quand il rédige ce qui allait être son testament intellectuel, Léon Dion ne sait pas encore que les années qui suivraient apporteraient avec elles leur lot de désillusions. Les accords constitutionnels qui auraient permis la réintégration du Québec dans la fédération canadienne, après l’échec de 1982, ne devaient pas aboutir. Lui qui, depuis son bureau de professeur de science politique à Québec, avait conseillé plusieurs générations de premiers ministres tentait dans ces années difficiles de prendre la mesure des compromis possibles pour le nationalisme québécois. Le premier tome de son histoire des intellectuels compte parmi les ouvrages les plus importants sur la problématique de l’identité et même s’il fut écrit avant l’échec des accords du lac Meech, accords qui auraient rendu possible une nouvelle articulation de la fédération canadienne selon le principe des nations fondatrices, il annonce pour ainsi dire a priori l’impasse à la fois théorique et pratique qui allait résulter de cet échec. Léon Dion eut juste le temps de publier un second tome sur la période de Duplessis et sur les intellectuels de la Révolution tranquille. Sa mort tragique nous a privés du troisième tome qu’il avait en chantier et qui aurait abordé la question de l’intellectuel québécois contemporain. Cette interruption représente une perte considérable : cet intellectuel que tous, même ceux qui étaient en désaccord avec ses positions, considéraient comme un sage exemplaire était aussi le porteur de ce qu’on pourrait appeler le regard du milieu.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.