Levinas lecteur de Derrida
Stéphane Mosès
Dans l'histoire du dialogue philosophique entre Jacques Derrida et Emmanuel Levinas, dialogue inauguré en 1964 par Derrida avec son essai fondateur « Violence et métaphysique » (repris en 1967 dans L'écriture et la différence ) et conclu avec « Adieu » (1995) puis, un an plus tard avec le prolongement de ce texte, « Visage et Sinaï », on ne trouve qu'un seul texte de Levinas consacré intégralement à Derrida. Il s'agit de « Tout autrement », étude incluse dans le cahier d'hommages consacré en 1973 par la revue L'Arc à Derrida, et reprise en 1976 dans le volume Noms propres . Ce texte de Levinas peut se lire, dans un certain sens, comme une réponse tardive à « Violence et métaphysique », qui, trois ans après la parution de Totalité et infini , fut la première étude d'ensemble consacrée à cette oeuvre majeure. Ce qui frappe dès l'abord dans l'essai de Derrida (qui analyse la pensée de Levinas avec une subtilité et une profondeur restées inégalées jusqu' aujourd'hui), c'est sans nul doute son ambivalence : dualité d'une fascination profonde pour la philosophie de Levinas, qui semble avoir saisi Derrida comme une sorte de révélation, et d'un effort systématique pour mettre en évidence le caractère, à ses yeux contradictoire, de cette pensée même.
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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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