Esclavage, Citoyenneté,
Crime contre l'humanité
Françoise Vergès
vice-présidente du Comité pour la Mémoire de l'Esclavage
Le ton du débat actuel autour de la traite négrière et de l'esclavage semble surprendre. On parle de « dérives » ; l'application de la notion de crime contre l'humanité à la traite négrière et de l'esclavage est contestée ; le ton monte et les controverses remplissent les pages des journaux et de l'Internet. La violence, l'outrance des propos sont des symptômes de la longue répression d'une histoire et de ses conséquences pour des centaines de milliers de citoyens de la République française. La surprise ne se justifie que de vouloir continuer à croire que la traite négrière et l'esclavage ne sont que des incidents de l'histoire, une anecdote vite évacuée. Ces conflits ne sont pas nouveaux. Ils sont présents tout au long de l'histoire européenne et hantent les débats philosophiques, anthropologiques, et géographiques bien avant le 20 ème siècle. Ce qui fait retour, c'est le refoulé sur ces questions sur lequel se greffent des idéologies révisionnistes, des discours identitaires ethnicistes, des raccourcis simplistes.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.
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