Le Comité pour la Mémoire de l'Esclavage
Françoise Vergès
vice-présidente du Comité pour la Mémoire de l'Esclavage
La loi dite Loi Taubira fut votée le 10 mai 2001 par les élus de la République. L'article 1 de cette loi précisait : « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique et l'esclavage perpétrés à partir du XVe siècle contre les populations africaines déportées en Europe, aux Amériques et dans l'océan Indien, constituent un crime contre l'humanité. » La notion de « crime contre l'humanité » était centrale. Cette notion implique qu'il existe une loi supérieure aux lois des États, une loi supranationale, celle qui doit régir l'humanité en tant que telle. Tout argument économique ou politique, et le principe de souveraineté même, doivent s'effacer devant l'argument moral, qui transcende l'idée de l'intérêt particulier (de la nation, de l'état, du groupe). C'est ce qui fait l' humain qui est la cible du crime, le crime contre l'humanité transcende donc toutes les catégories pénales. La traite négrière et l'esclavage entrent dans cette catégorie car ce sont des négations de l'humain puisque ce sont des entreprises de déshumanisation , de déni de ce qui fait l'humain.
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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.
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