Le débat public autour de l'esclavage :
conflits de mémoires et
tensions socio-politiques
Fred Constant
Au moment où la mémoire nationale commence à s'entrouvrir à la traite négrière et à l'esclavage sous la pression d'une demande sociale croissante, des vents mauvais soufflent, parfois en rafales puissantes, parmi leurs héritiers déclarés ou supposés, sommés, par ceux-là mêmes qui, en leur sein, se sont érigés en leaders d'opinion, de « choisir leur camp », en succombant à un manichéisme qui, en tenant à distance la complexité de cette histoire, interdit à jamais d'en appréhender la globalité où le tout et la partie sont pourtant inextricables et où les causalités ne sont jamais univoques. Sans vouloir sous-estimer l'indifférence voire l'hostilité séculaires - maintes fois dénoncées - des pouvoirs publics en la matière, il apparaît aujourd'hui nécessaire et urgent de déplacer le curseur de l'analyse vers la minorité agissante issue d'une poignée d'associations d'originaires d'outre-mer1, particulièrement active dans ce processus de mobilisation et revendication mémorielles. À cette occasion, on voudrait se pencher, dans les limites de cet article, sur les axes structurant la contribution de ces groupes radicaux au débat public ainsi affecté par un double péril.
(...)
(1) Parmi d'autres organisations, citons le Comité de la marche du 23 mai 1998 (CM98), le Collectif des Filles et Fils d'Africains déportés (COFFAD), le Collectif DOM, les Assises de l'anti-colonialisme post-colonial.
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.
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