Histoire
et existentialisme chez Sartre
Leonard Krieger
L’existentialisme pose à l’histoire des problèmes
aussi bien subjectifs qu’objectifs. En tant que sujets, les existentialistes
épousent des positions qui sont souvent antithétiques par
rapport à la dimension historique ; en tant qu’objets, ils
ont donné à voir des idées et des activités
qui sont souvent difficilement accessibles à la connaissance historique.
Chez Sartre se trouvent joints les deux types de problèmes et dans
ce qui suit on tentera en s’intéressant à lui de trouver
une solution conjointe.
La figure de Sartre – philosophe, romancier, auteur de théâtre,
essayiste – soulève d’abord la question objective :
comment un simple historien peut-il, en tant qu’historien, entreprendre
de le comprendre ? Bien entendu, ce n’est pas un problème
majeur pour un historien qui se trouve posséder un génie
particulier pour la philosophie, le roman, le théâtre, ou
les lettres en général, mais lorsque nous postulons, comme
nous le faisons ici, un historien qui n’a pas ce caractère
particulier et qui ne dispose que de la méthode habituelle, avec
ses limitations, que lui donne son métier, alors que se passe-t-il ?
Il y a trois choses qu’il est à même de faire, des
choses qu’il est peut-être seul à pouvoir faire et
qui sont donc non seulement susceptibles de remplir la fonction utile
de rendre Sartre accessible aux historiens mais qui peuvent même
contribuer à donner une nouvelle dimension à la compréhension
qu’on a généralement de lui.
(...)
Ce texte fut d’abord une communication lue devant le Séminaire
Européen de l’Institut Européen de Columbia University
en mars 1951. Il fut publié pour la première fois dans le
recueil The Critical Spirit : Essays in Honor of Herbert Marcuse,
Kurt H. Wolff & Barrington Moore, Jr. (éd.), Boston, Beacon
Press, 1967, p. 239-66. Il constitue ici un chapitre de Ideas and
Events, Professing History, M.L. Brick (éd.), Chicago et Londres,
The University of Chicago Press, 1992, p. 101-125.
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
|