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  Dossier : Sartre à l’épreuve
L’engagement au risque de l’histoire
 
 

Camus et Sartre : de l’assentiment au ressentiment

Jean-François Mattéi


La rupture entre Sartre et Camus ne fut pas l’effet d’un malentendu, comme Sartre feignit de le croire en revenant au fil des années sur une amitié défunte. Et le cruel épisode des Temps modernes, en mai 1952, où Francis Jeanson, exécuteur des hautes œuvres sartriennes, attaqua l’auteur de L’Homme révolté avec une rare violence, ne relevait pas de la polémique germanopratine. Si Jeanson pouvait ironiser sur « une certaine inconsistance de la pensée » de Camus, avant que Sartre, répondant à la réponse de Camus, rejette sèchement son livre pour « incompétence philosophique », « connaissances ramassées à la hâte et de seconde main », voire « pensées vagues et banales », c’est parce que les sartriens avaient découvert dans l’éthique de Camus ce qui faisait défaut à leur système : la générosité, au sens cartésien du terme, c’est-à-dire l’estime de soi-même. Leur ressentiment n’en fut que plus aigu.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.