Sartre
ou la théâtralité du passage à l’acte
Guillaume Mainchain
La simple contemplation de l’œuvre de Sartre est l’affaire,
au premier abord, d’un réseau générique composé
d’écrits philosophiques, de nouvelles et romans, de pièces
de théâtre, d’une autobiographie et d’essais
littéraires ou politiques. Cette variété est à
l’origine du monument Sartre qui a su s’édifier en
conquérant en permanence de nouveaux champs scripturaux et réflexifs.
L’écrivain a dominé son époque par sa prise
en main, prolixe et diversifiée, des possibilités que les
différents genres lui offraient. Une logique se dessine cependant
dans la chronologie de ses approches, qui manifestent la recherche d’une
adéquation entre une pensée et son application littéraire.
Une étrange partition entre le romanesque et le dramatique s’est
notamment réalisée à l’aube de la Libération,
qui mérite une attention particulière. En effet, si la majeure
partie de ses nouvelles et romans date d’avant 1940, les représentations
des Mouches puis de Huis clos, en 1943 et 1944, ont
signé une entrée à la scène qui imposa le
théâtre comme le nouvel espace littéraire privilégié
de l’auteur. Pourquoi la « métamorphose dans la
guerre » (Cohen-Solal Annie, Sartre 1905-1980, Gallimard,
coll. Folio essais, n°353, Paris, 1985, rééd. 1999,
p. 245) de l’homme et du philosophe a-t-elle engagé
l’écrivain à réorienter son mode de présentation
de la fiction ? Au-delà du simple principe d’actualité,
quelle pertinence dramatique fut déclenchée par l’événement
de la Seconde Guerre mondiale ? Telles sont les premières questions
que pose le passage, en lieu et place du chapitre romanesque, à
l’acte théâtral et à une structure scénique
qui parvint à enrichir et légitimer sous un nouveau jour
la pensée sartrienne.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
|