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  Dossier : Sartre à l’épreuve
L’engagement au risque de l’histoire
 
 

L’une des dernières philosophies de l’histoire

Christian Delacampagne


Longtemps, la philosophie de l’histoire fut, dans la tradition européenne, un genre prestigieux. Né, comme la philosophie elle-même, avec Platon, relancé par Machiavel, stimulé par les débats passionnés qui nourrirent à la fin du XVIIe siècle ce qu’on appelle depuis la « querelle des Anciens et des Modernes », ce genre s’était épanoui chez Montesquieu et chez Voltaire. Puis Hegel, au dire d’aucuns, lui avait donné sa forme la plus achevée ou l’avait achevé, au sens de liquidé – ce qui revient au même. Pourtant, le genre connut encore, tout au long du XIXe (Tocqueville, Comte, Marx) et même pendant la première moitié du XXe siècle, un réel prestige. Pour que le coup de grâce lui soit porté, il fallut attendre le désenchantement consécutif aux révoltes de Mai 1968. Et, surtout, la chute du Mur de Berlin, prélude à l’effondrement du communisme.
Depuis lors, il suffit de regarder derrière nous pour nous rendre compte que la Critique de la raison dialectique de Jean-Paul Sartre (1960) demeure l’une des dernières en date – pour ne pas dire la dernière – des grandes philosophies de l’histoire systématiquement développées.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.