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  Dossier : Refaire son corps
Corps sexué et identités
 
 

Un corps sans limites : sadomasochisme
et auto-appartenance


Véronique Poutrain


«Ces mots esclavage, et, droit sont contradictoires ; ils s’excluent mutuellement. Soit d’un homme à un homme, soit d’un homme à un peuple, ce discours sera toujours également insensé. Je fais avec toi une convention toute à ta charge et toute à mon profit, que j’observerai tant qu’il me plaira, et que tu observeras tant qu’il me plaira»
Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social ou principes du droit politique, Bibliothèque de la Pléiade, 1964, p 358.


D’après Marcel Mauss, le corps est le premier et le plus naturel des instruments de l’homme (Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, p. 372). Mais le corps cristallise également l’idée de «personne», l’idée du «moi». Toutefois, la «catégorie du moi», «le culte du moi» ou le respect du moi et celui des autres sont des concepts récents. La «persona» latine désigne le masque tant tragique que rituel ou ancestral. Cependant, les sociétés latines ont fait de la personne bien plus qu’un fait d’organisation, bien plus qu’un nom ou un droit à un personnage et un masque rituel, elles l’ont érigée en fait fondamental du droit (Ibid., p. 350). Par conséquent, c’est d’abord à partir de la «personne» que l’on va déterminer ce qui est permis ou non et la persona va devenir une individualité qu’il faut respecter. Seul l’esclave n’a pas droit à la persona «parce qu’il n’a pas de corps, pas d’ancêtres, de nom, de biens propres» (Ibid., p. 354).

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.