Sexe,
genre et identité :
du symptôme au sinthome
Geneviève Morel
I. Raisons et déraison du changement de sexe
Si «mon corps est à moi», pourquoi ne serait-il pas
raisonnable de changer de sexe ? Telle est la question, finalement curieuse,
que pose Pierre-Henri Castel dans son ouvrage monumental sur le transsexualisme
(La métamorphose impensable. Essai sur le transsexualisme et
l’identité personnelle, Paris, Gallimard, NRF, 2003),
où, bien au-delà de la question psychopathologique étroite
touchant la nature du transsexualisme, c’est un pan entier des savoirs
sur l’homme et des pratiques sociales, médicales et juridiques
qui est mis en perspective et critiqué philosophiquement. Pour
le psychanalyste, pour qui le problème du corps est de manière
privilégié celui du sexe, cette approche globale présente
un intérêt particulier : elle fait bouger les représentations
de ce qui peut se dire et se penser du corps, de la subjectivité
et du sexe, et elle invite à prolonger l’enquête d’un
point de vue plus clinique, en l’obligeant à préciser
son point de vue propre, dans un contexte où la psychanalyse est
trop souvent asservie à des tâches idéologiques, et
traitée comme un garde-fou normatif face aux abus de la «propriété
de soi» appliquée au sexe, au corps et à la substance
vivante que nous sommes.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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