Du
principe d’habitation du corps :
entre génie du lieu et espace incirconscrit
Alain Milon
À la question : «Du corps qu’en est-il ?», nous
sommes très souvent confrontés à la même dualité
: quelque chose de la matière ou quelque chose de l’esprit.
Ce couple corps/âme conduit, soit à penser le corps
par sa matière : les organes, soit à matérialiser
le corps dans un concept : l’élan vital. Mais pourquoi se
satisfaire, par économie ou par faiblesse, lorsque l’on pense
le corps, de ce qui le compose ? Et pourquoi finit-on, faute de penser
le corps, par penser ses attributs ? Deux attitudes qui reviennent en
fait à circonscrire le corps à un agencement physique :
de la Statuaire grecque à l’évanescence de sa forme.
Que dire dans ces conditions de tous ces beaux livres sur le corps qui,
comme pour se justifier, exposent telle ou telle représentation
de corps parfait comme si le corps avait à voir avec ce genre d’idéal-type
désincarné, sans vie, sans âme et surtout sans corps
? Ces réductions caricaturales se traduisent souvent par des propositions
factuelles sur les modalités d’existence du corps comme le
tatouage — le corps artistique —, le don d’organe —
le corps moral —, l’image de la femme — le corps social
—, le handicap — le corps médical —, les pratiques
pornographiques — le corps sexuel —, etc. Envisager au contraire
le corps sous l’angle de son principe d’existence est beaucoup
plus significatif.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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