Sommaire général
 
  Dossier : Refaire son corps
Corps sexué et identités
 
 

Lorsqu’un Intrus occupe le corps
Notes autour du livre de Jean-Luc Nancy


Michela Marzano


«J’ai (qui, “je” ?, c’est précisément la question, la vieille question : quel est ce sujet de l’énonciation, toujours étranger au sujet de son énoncé, dont il est forcément l’intrus et pourtant forcément le moteur, l’embrayeur ou le cœur) — j’ai, donc, reçu le cœur d’un autre, il y a bientôt une dizaine d’années. On me l’a greffé. Mon propre cœur (c’est toute l’affaire du “propre” […]) — mon propre cœur, donc, était hors d’usage, pour une raison qui ne fut jamais éclaircie. Il fallait donc, pour vivre, recevoir le cœur d’un autre.» (J.-L. Nancy, L’Intrus, Paris, Galilée, 2000, p. 13)

Un cœur hors d’usage. Une opération chirurgicale. Une transplantation. Une sensation déchirante d’étrangeté. Un questionnement sans fin autour de sa propre identité. Le philosophe Jean-Luc Nancy raconte son expérience de «greffé» et nous offre un récit à la fois extrêmement touchant et profondément philosophique de son calvaire. Car, au-delà de la souffrance et de la lutte pour survivre, le philosophe témoigne du chemin quasi impossible qu’on se doit de parcourir lorsqu’un «intrus» rentre dans son propre corps. Ce qui est en jeu dans L’Intrus, c’est la difficulté d’accepter le surgissement de l’altérité au sein même de l’identité.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.