Brigands
et brigandage
Jean-Luc Guichet
Rousseau, dans le Discours sur l’économie
politique, reprenant une image de Diderot dans son article «
Droit naturel » de l’Encyclopédie, relève
le paradoxe du sens social que les brigands observent dans leurs sociétés
parallèles sur le mode d’un véritable rituel : «C’est
ainsi que les hommes les plus corrompus rendent toujours quelque sorte
d’hommage à la foi publique : c’est ainsi (comme on
l’a remarqué à l’article DROIT) que
les brigands mêmes, qui sont les ennemis de la vertu dans la grande
société, en adorent le simulacre dans leurs cavernes.»
(Discours sur l’économie politique, éd. Gallimard,
Pléiade, O.C., t.III, p. 247)
Il s’agit là d’une image fort ancienne dont le succès
tient très certainement à la fascination que suscite la
sociabilité déconcertante de ceux qui bafouent les lois
et la moralité ordinaire. Comment se fait-il que ces ennemis déclarés
de la société puissent en reproduire une nouvelle, parfaitement
symétrique de celle légale, avec ses propres lois, ses rites,
son code d’honneur, ses serments et même sa justice et ses
tribunaux ?
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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