Le
travail
Denis Faïck
La réalité ne peut être franchie que soulevée.
René Char
«Pour le poète, c'est l'or et l'argent, mais pour le philosophe
ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et
perdu le genre humain.» (Discours sur l'inégalité
OC III, Gallimard, 1964, seconde partie, p. 171) Comment est-il possible,
eu égard à cette affirmation, de ne pas condamner sans détour
le travail? Si la métallurgie et l’agriculture sont à
l’origine de la dépravation de l’humanité, il
convient sans doute de faire de Rousseau le contempteur de l’activité
laborieuse. Certes, mais il pose pourtant l’exigence «de former
sans cesse les mains au travail.» (Emile, OC IV, Gallimard,
1969, L. III, p. 442) Si Emile s’occupe «dans un atelier ses
mains travaillent au profit de son esprit, il devient philosophe et croit
n'être qu'un ouvrier.» (Ibid, p. 443) Il est alors patent
que le travail n’a pas qu’un seul visage ; il convient à
cet égard de pénétrer son essence pour tenter de
lever la contradiction. Allons pour ce faire à l’origine.
(...)
(*) Ce texte est le résumé d’une thèse soutenue
en 1999 à l’Université de Toulouse II intitulée
: Anthropogenèse et sociogenèse par le travail dans
la philosophie de J.J. Rousseau.
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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