Que
reste-t-il de l’initiative de Genève ?
Entretien avec Elias Zananiri
Propos recueillis par David Khalfa
DAVID KHALFA : L’initiative de Genève a fait beaucoup
parler d’elle dans le monde et plus particulièrement en Europe.
Qu’en est il aujourd’hui de cette initiative, quels ont été
les échos de cette initiative politique sur le leadership palestinien
et plus largement sur la société palestinienne ?
ELIAS ZANANIRI : Cette initiative s’adresse principalement à
deux destinataires : les opinions publiques palestinienne et israélienne
tout d’abord, les leaderships des deux côtés ensuite.
Il s’agissait principalement de leur dire qu’il y a un partenaire,
qu’il y a toujours eu un partenaire avec qui négocier dans
les deux camps. Par conséquent, les deux parties doivent s’asseoir
à la table de négociation afin de trouver un accord. Si
elles veulent aboutir à un accord, l’initiative de Genève
peut leur servir de modèle. C’est un accord très détaillé
qui s’attaque à tous les problèmes, à toutes
les grandes questions (Jérusalem, sécurité, frontières,
réfugiés) qui n’avaient pas été réglées
à Camp David en juillet 2000 puis à Taba en janvier 2001.
L’initiative de Genève a pour but de mener à leur
terme les négociations interrompues de Camp David et de Taba.
Immédiatement après le lancement de l’initiative de
Genève, il y avait 40% de soutien populaire des deux côtés.
Nous espérions que le nombre de Palestiniens et d’Israéliens
qui soutiendrait l’accord irait en augmentant, ce qui aurait permis
de former une majorité des deux côtés. Cette majorité
aurait alors eu la capacité de faire pression sur les leadership
israélien et palestinien afin qu’ils reviennent à
la table de négociation. Malheureusement cela ne s’est pas
passé ainsi. La réception palestinienne et israélienne
de l’accord de Genève n’a pas été aussi
bonne que celle que l’on espérait. Cela s’explique
principalement par le fait que sur le terrain, pratiquement rien n’a
changé. Au terme de trois ans de combats terribles, la Cisjordanie
et la bande de Gaza sont toujours occupées. L’armée
israélienne y poursuit ses opérations et chaque jour, un
ou deux Palestiniens sont tués. De l’autre côté,
les Israéliens subissent la terreur des attentats-suicide. Dans
ces conditions, il était difficile pour les négociateurs
palestiniens et israéliens d’augmenter le pourcentage de
soutien à l’initiative de Genève.
Cependant, malgré cette déception, le message politique
de l’initiative de Genève est qu’un accord de paix
est possible et que pour ce faire, les deux parties doivent retourner
à la table de négociation. Il s’agit aussi de dire
aux deux parties qu’un accord négocié sera toujours
meilleur pour elles qu’une approche unilatérale que le gouvernement
Sharon tente de mettre en œuvre ou d’imposer aux Palestiniens.
Car peu importe ce que peut avoir de positif le retrait unilatéral
de la bande de Gaza, un accord négocié entre les deux parties
aura plus de chances de fonctionner et d’être appliqué
étant donné que les deux parties seront tenues de respecter
l’accord bilatéral et auront intérêt à
faire de leur mieux pour le mettre en oeuvre…..
(...)
Nb : la totalité de cet entretien est disponible dans la version
papier de Cités.
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