Construction
nationale et construction impériale
aux États-Unis au XIXe siècle
Les paradoxes
de la république impériale
Aïssatou Sy-Wonyu
L’opinion majoritaire chez les historiens des États-Unis,
les historiens de la politique étrangère américaine
et les historiens des relations internationales est que les États-Unis
entrent sur la scène internationale en 1898, année de la
victoire sur l’Espagne, première grande victoire navale sur
une puissance européenne . Le recours à cette image empruntée
au monde du théâtre mérite d’être questionné
et même soupçonné, car cette image suppose deux idées
fausses. L’une voudrait que la politique étrangère
soit d’essence volontariste, le fruit d’un plan calculé,
avec une entrée en scène décidée par les États-Unis
ou par des acteurs plus puissants les manipulant, ou la Providence ayant
déterminé le destin de ce pays et ayant fixé cette
date comme celle de sa majorité internationale. L’autre,
qui est une approche causaliste ou naturaliste des faits historiques,
négligeant les tendances lourdes de l’histoire du pays et
des relations internationales à la fin du XIXe, voit les nations
comme soumises à un déterminisme qui leur est propre, les
menant de la naissance à l’enfance puis à la maturité
et au déclin. Il est bien sûr tentant de réfuter ces
idées, et de jouer à dire que l’entrée en scène
date d’avant, d’après, ou qu’elle n’a pas
lieu parce que l’on n’entre pas en scène.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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