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  Dossier : Empires et impérialismes
Les Etats-Unis un empire différent des autres ?
 
 

Concilier communauté des hommes
et souveraineté mondiale : l’empire selon Dante


Thierry Ménissier


Un colloque récent consacré à l’idée d’empire a mis en valeur la peu commune plasticité d’une notion qui paraît capable de s’adapter aux différents contextes historiques, de décider des situations politiques les plus variées, et d’être comprise à partir de traditions intellectuelles fort diverses . Même si l’on définit génériquement l’empire comme un ensemble politique de grande taille régi par une structure de commandement fortement hiérarchisée, il semble que l’hégémonie ne suffise jamais à en constituer le principe : la maîtrise d’un tel ensemble ne passe jamais, ou en tout cas jamais longtemps, par la domination. Aussi est-il tentant de remettre en question l’opinion courante aujourd’hui, défavorable à l’idée d’empire : la forme impériale implique si peu l’assujettissement absolu des hommes qu’elle pourrait, à certaines conditions, constituer un espoir pour la communauté des individus.
C’est ce que suggère la tentative théorique réalisée par Dante Alighieri dans les années 1310 avec le traité Monarchia. Ainsi que je vais le montrer, l’écrivain florentin y développe une logique complexe pour défendre les prérogatives de la fonction impériale contre l’autorité papale ; pour ce faire, il reprend des arguments développés tout au long du Moyen-Âge dans la querelle entre ces deux puissances, et assume par là une équivoque étonnante, intellectuellement stimulante pour qui voudrait aujourd’hui penser la notion d’empire. Parallèlement aux arguments de type théologique, Dante argumente sur deux plans différents, sur le plan théologique et philosophique d’une part, sur le plan historique et politique de l’autre.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.