Pourquoi
le rappeur chante ?
Le rap comme expression de la relégation urbaine
Alain Milon
Le rappeur chante-il, et s’il chante, chante-il comme les autres
? Cette question n’insinue pas que le rap n’est pas une musique,
ni que le phrasé, à la fois syncopé et fluide du
rappeur, n’est pas un chant. Cela montre simplement que cette forme
singulière de phrasé pose la question de l’atmosphère
particulière dans laquelle le rappeur plonge son auditeur, atmosphère
qui va bien au-delà de la chanson parlée ou de la parole
chantée.
Le rap est avant tout une expression musicale qui contribue, avec d’autres
expressions artistiques, à donner corps aux différents mouvements
et respirations de la ville. Mais lorsque le rappeur traduit dans ses
textes, ses gestes et ses postures les bruits syncopés de la ville,
il se met dans une posture inconfortable. À la fois en marge d’un
système qu’il condamne quand il apostrophe les acteurs institutionnels,
il est dans la marge dès qu’il s’agit de faire du rap
« le » segment d’un marché musical international.
Au-delà de l’attitude « rebelle » qui réduit
l’acte de résistance à une conduite à bon marché,
il reste chez le rappeur le problème de son appropriation ou de
son exclusion de l’espace public.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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