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La critique de la démocratie
dans les écrits personnalistes
des années trente :
Esprit et Ordre nouveau


Patrick Troude-Chastenet


La critique aujourd’hui de l’horreur économique, de la pensée unique libérale, de la finance internationale, de l’impuissance des gouvernants et de la corruption de la classe politique n’est pas sans évoquer celle visant hier, l’individualisme libéral, le productivisme, le triomphe de l’Argent-Roi, la mainmise des trusts, l’immoralité des parlementaires et la décadence du régime. La dénonciation d’un capitalisme fondé sur l’exploitation de l’homme par l’homme, ou encore l’indignation suscitée par la persistance du chômage, s’expriment dans des termes à peu près identiques. Ce que l’on désigne actuellement sous le nom de mondialisation emprunte bien des traits à ce que Robert Aron et Arnaud Dandieu appelaient, en 1931, «le cancer américain» et Daniel-Rops en 1932 « la soumission à l’économique ». Sur des sujets plus «secondaires » comme par exemple la presse et la publicité, la pertinence du discours atteste du fait que l’intelligence globale du phénomène a survécu à l’évolution particulière des techniques.
Quant à la question démocratique, il est parfaitement loisible de distinguer dans notre corpus, critique et rejet de la démocratie, critique à l’intérieur du cadre démocratique ou rejet de ce cadre. Quoiqu’il en soit, il n’est pas dans notre intention ici de défendre la thèse du caractère prophétique de la mouvance personnaliste des années trente. Nous laisserons au lecteur le soin de juger par lui-même de l’actualité d’une pensée, conçue il y a 70 ans dans un contexte de crise généralisée et multidimensionnelle.
Au sein de ces mouvements de jeunes se désignant eux-mêmes comme «non-conformiste », nous en retiendrons essentiellement deux que l’on a coutume d’opposer comme des frères ennemis : Esprit et Ordre Nouveau.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.