Normes
éthiques et normes cognitives
Pascal Engel et Kevin Mulligan
Il arrive souvent, quand on discute de questions
portant sur la théorie de la connaissance, que l’on utilise
des concepts qui ont une consonance éthique. On se demande ce qui
distingue une bonne hypothèse d’une mauvaise,
ou si nous devrions croire ceci ou cela sur la base des données
disponibles. Il semble qu’il y ait en ce sens des valeurs cognitives,
et des devoirs ou obligations cognitives, tout comme il y a des valeurs
et des normes éthiques. Le vocabulaire évaluatif, cognitif
et éthique, est très riche et “ épais ”
(stupide, précis, incrédule, scrupuleux, généreux,
intolérant, discret). Le vocabulaire déontique, par contre,
est partout très “ mince ”. On pourrait qualifier les
valeurs et les devoirs comme des normes. De façon analogue, on
parle de propositions normatives, déontiques, axiologiques
ou évaluatives. Frege disait que le mot “ vrai ” joue
en logique un rôle comparable à celui que joue le mot “
bon ” en éthique, et le mot “ beau ” en esthétique
et on dit souvent que la logique est normative. Mais l’usage du
vocabulaire déontique ou évaluatif en épistémologie
implique-t-il qu’il y ait plus qu’une analogie entre les deux
types de valeurs ou de normes ? Peut-on dire que la logique est une éthique
de la pensée et que l’épistémologie est une
éthique de la croyance ? Et faut-il aller jusqu’à
assimiler les deux types de normes, comme semble le faire un certain pragmatisme,
entendu comme la thèse selon laquelle les normes théoriques
se réduisent aux normes pratiques?
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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