Le
rationalisme en politique
Michael Oakeshott
L’objet de cette étude est d’examiner le caractère
et l’origine du courant intellectuel le plus remarquable de l’Europe
après la Renaissance. Le rationalisme dont je parle est le rationalisme
moderne. Sans doute reflète-t-il en surface la lumière de
rationalismes plus anciens, mais au fond, il a une qualité qui
lui appartient exclusivement, et c’est cette qualité que
je me propose d’examiner, et d’examiner principalement du
point de vue de son influence sur la politique européenne. Ce que
j’appelle le rationalisme en politique n’est pas bien entendu
le seul courant (et ce n’est assurément pas le courant le
plus fécond) de la pensée européenne politique moderne.
Mais il s’agit d’une manière de pensée forte
et vive, qui, s’appuyant sur sa parenté avec beaucoup d’autres
choses fortes dans la composition intellectuelle de l’Europe contemporaine,
a fini par colorer les idées, non seulement d’une unique
conviction politique mais de toutes les convictions politiques, et par
se répandre sur la ligne de chaque parti. Par une voie ou par une
autre, par conviction, du fait de son caractère considéré
comme inévitable, par son succès prétendu, et même
de manière tout à fait irréfléchie, presque
toute politique est aujourd’hui devenue rationaliste ou quasi-rationaliste.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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