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  Dossier : Les constitutions possibles de l’Europe
Figures politiques de l’Europe unie
 
 

Les origines de la légitimation
non démocratique de l’Union Européenne


Nicolas Belorgey


Depuis plus de dix ans, il est question dans le débat sur la construction européenne du « déficit démocratique » qui caractérise les institutions de l’Union européenne (UE). Ce thème a connu un développement particulier au moment du débat qui a entouré la ratification du traité de Maastricht, en 1992. Il se trouve à nouveau d’actualité avec la mise en place d’une Convention européenne chargée de réfléchir à l’avenir institutionnel de l’Europe.
La notion de « déficit démocratique », selon une première acception , renvoie à l’écart qui s’est creusé entre les pouvoirs transférés à l’UE et l’efficacité des procédures de surveillance et de contrôle du Parlement européen. Cette formulation suggère que le contrôle démocratique des institutions européennes passerait exclusivement par la voie parlementaire. Or, d’autres canaux de contrôle existent, tels ceux de la démocratie semi-directe, ou les mécanismes visant à assurer l’effectivité du principe qui, en France, est exprimé par l’article 15 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789 : «La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration». Le « déficit démocratique » peut donc être défini comme un transfert de pouvoir (ou de souveraineté) des Etats membres de l’UE à l’UE, non assorti d’un transfert de même ampleur du fondement démocratique de leur légitimité.
Bien que le thème du « déficit démocratique » soit devenu une antienne du débat européen, cet écart ne cesse de se creuser, non par défaut du contrôle, qui s’est peu à peu accru, par exemple par le biais de pouvoirs plus étendus conférés au Parlement européen, mais surtout par extension du pouvoir attribué aux institutions européennes. L’une de leurs dernières réalisations est ainsi l’instauration de l’euro et la mise en place d’une politique monétaire unique, décidée de manière centralisée par le Conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne, sur l’ensemble de la zone.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.