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  Entretien  
 

Bouddhisme et politique

Entretien avec Hubert Durt

Propos recueillis par Mikhaïl Xifaras


MIKHAIL XIFARAS : Cet entretien s'inscrit comme complément d'un dossier portant sur le thème “ religion et démocratie ”. Il naît de l'intention de ne pas considérer les seules religions du Livre. Dans le même temps, il semble très difficile de traiter le bouddhisme de la même manière que les religions du Livre, ne serait-ce qu'en raison de la présomption d'ignorance qu'on doit reconnaître aux lecteurs d’un pays où le bouddhisme reste marginal. Aussi n'est-il peut être pas inutile de recommencer par le commencement, une présentation sommaire du Bouddhisme …

HUBERT DURT: Peut être faudrait-il alors commencer par dire quelques mots sur le sens du mot religion, sur le concept de religion, qui diffère très largement entre le bouddhisme et les religions du Livre. Dans les pays du Livre, la religion est fonction de Dieu, du lien qui unit l'homme, et plus exactement l'âme spirituelle, à Dieu. Pour les bouddhistes, la religion est une méthode de salut composée de morale, de méditation, et de sagesse transcendantale. D’abord, la morale n’est pas très différente de celle du Décalogue. La méditation, elle, est essentielle : tous les bouddhistes ne sont pas nécessairement méditatifs, mais s'il est une religion méditative, c'est bien le bouddhisme. Il faut ici prévenir un contresens : la méditation dont il est ici question n'est pas la contemplation dans le sens où elle s'opposerait à l'action. La méditation est active et ne s'inscrit pas dans l’antinomie action / contemplation qu’on connaît dans le catholicisme. C'est une activité par elle-même, et en outre — du moins au niveau des croyances populaires — un moine qui médite est vu comme pouvant avoir accès à des pouvoirs d'ordre surnaturel, que les adeptes du Livre pourraient considérer comme magiques. Le troisième point, qui est l'idéal du bouddhisme, est la sagesse transcendantale, obtention de la parfaite méditation appelée, Prajnâ ou gnose. C'est une vertu parfaite dans la mesure où elle est doublée de compassion. Nous touchons là à l'aspect humaniste du bouddhisme.

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Nb : la totalité de cet entretien est disponible dans la version papier de Cités.