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  Dossier : Religions et démocratie
Judaïsme, Christianisme, Islam, Bouddhisme
 
 

Ethique protestante et éthos démocratique

Frank Lessay


Commençons par un triple constat qui paraît difficilement récusable. Les pays protestants ont accédé à la démocratie avant les autres pays chrétiens. Tous, à l'exception d'une Allemagne partiellement catholique, ont échappé aux expériences totalitaires du XXe siècle. Il n'en est aucun, de nos jours, qui ait un régime non démocratique. Il y a là, assurément, un paradoxe. Aucun des Réformateurs n'affichait la moindre sympathie envers la démocratie, telle qu'on pouvait la comprendre en leur temps. Leur acceptation des structures politiques peu libérales de leur siècle ne fait aucun doute. Luther comme Calvin étaient convaincus de l'institution divine de l'autorité. De l'Ecriture, selon le premier, "il ressort avec certitude et suffisamment de clarté que c'est la volonté de Dieu que le glaive et la loi temporels soient maniés afin de châtier les méchants et de protéger les gens de bien". Si le monde n'était peuplé que de vrais chrétiens, incapables d'injustice envers quiconque, "point ne seraient nécessaires ni utiles les princes, rois, seigneurs, glaives et lois". Mais, "étant donné que tout le monde est méchant et qu'il se trouve à peine un vrai chrétien entre mille êtres humains, ils s'entredévoreraient, en sorte qu'il n'y aurait personne capable de montrer aux femmes et aux enfants comment se nourrir et servir Dieu; et le monde deviendrait un désert".

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.