Liberté
et souveraineté politique
dans le catholicisme
Lucien Jaume
Considérée à la fois dans son histoire et dans sa
doctrine, l’Eglise catholique est concernée au plus haut
point par la théorie de la souveraineté. Elle en est même
l’origine, à travers la souveraineté pontificale,
la plenitudo potestatis, mise en avant par les décrétalistes,
principalement au XIIIe siècle. La souveraineté spirituelle
du pape, destinée à assurer l’unité à
travers une hiérarchie dont elle constitue le point culminant a
fait l’objet de longues controverses, tant sur le plan interne -
débats sur la suprématie du pape ou du concile -, que sur
le plan interétatique : conflits entre le sacerdoce et l’Empire
portant sur la prérogative qu’il faudrait reconnaître
au sein de l’exercice temporel du pouvoir (bulle Unam Sanctam
sur les « deux glaives »). Les monarchies - entretenant une
relation de rivalité mimétique avec l’Eglise -, se
sont approprié la souveraineté, transposée par les
légistes royaux à des fins indigènes. Le cas français
est particulièrement intéressant par l’alliance spécifique
qu’il établit entre les deux souverainetés, celle
du roi très chrétien et celle de l’Eglise de France,
qui consigne par écrit en 1682 les « libertés gallicanes
», contrat et compromis entre les deux puissances, mais rejeté
par Rome comme bien trop favorable à la puissance royale et trop
indépendant du contrôle papal. Bossuet est le théoricien
d’un politique chrétienne, « tirée de l’Ecriture
sainte », par laquelle l’Eglise légitime la supériorité
de l’Etat quand il est de gouvernement monarchique et de droit divin
; mais, le point est capital pour nous, parce que cet Etat se reconnaît
soumis à Dieu et limité par lui. Ce n’est pas
l’Eglise, à proprement parler, qui limite l’Etat, c’est
Dieu lui-même, avec qui le monarque entretient une relation directe
d’investiture : mais l’Eglise le dit et le reconnaît…
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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