Quel
avenir pour le christianisme
dans la démocratie moderne ?
Jean-Louis Vieillard-Baron
Il est aujourd’hui courant de soutenir que la démocratie
a pris la relève du christianisme, ce qui signifie que nous sommes
passés à un nouvel âge de l’humanité,
une ère post-chrétienne, et que le christianisme s’est
transformé en devenant une composante essentielle de notre monde
socio-politique. On reconnaît là la thèse de Marcel
Gauchet selon qui le christianisme a été «la religion
de la sortie de la religion» . Une telle formule évoque la
définition paradoxale du prolétariat par Marx comme «classe
non-classe». De quoi s’agit-il ? Du particulier qui devient
universel. De même que le prolétariat était, selon
Marx, une classe particulière porteuse d’universalité
et donc seule susceptible d’échapper à sa particularité
en devenant le genre humain lui-même, de même la religion
chrétienne, par son universalisme affiché, a été
capable de transformer le monde de l’intérieur et de recomposer
un monde, à savoir le monde démocratique actuel. Le grand
mérite de l’analyse de Gauchet, en dehors de son brio et
de sa virtuosité dans l’abstraction, est de mettre en évidence
le caractère partial et restrictif des notions de sécularisation
et de laïcisation dans la mesure où elles font croire qu’il
y avait un patrimoine religieux donné qui s’est perdu, et
que le monde est désenchanté dès le moment que les
hommes n’attendent plus des faveurs de Dieu pour les récoltes
ou pour les succès mondains, collectifs ou privés.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
|