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  Dossier : L’art et la ville
New York, Paris, Barcelone
 
 

Deux artistes au Palais de Tokyo

Francis Cohen et Michèle Cohen-Halimi


Présentation

Le centre d’art du Palais de Tokyo (Paris) a ouvert ses portes. Derrière une façade bien connue et monumentale, l’intérieur du bâtiment a pris la forme d’une immense “friche industrielle” : un plateau sans cloisons de 4000 mètres. « Les hauteurs d’étage sont redevenues amples, les volumétries apparaissent étonnantes, la lumière naturelle est omniprésente et généreuse. Les artistes qui [sont] invités à présenter leur œuvre dans ces espaces [ont] à se confronter à un bâtiment où tout est possible, du nomadisme le plus léger à l’intervention qui redessine ou remodèle l’espace ».
Avec une subvention annuelle de 1,7 millions d’euros et un appel de fonds privés le Palais de Tokyo (centre d’art) annonce un rythme irrégulier d’exposition (6 mois, 4 mois, 1 mois, une journée) ainsi qu’une multitude d’actions in situ. Ce “laboratoire entièrement dédié à la création actuelle” s’ouvre donc au cœur d’un Paris-rive-droite peu accoutumé aux aventures artistiques de la rupture et de l’expérimentation. Il trace une voie médiane entre le travail prospectif des galeries et celui, conservatoire, des musées, il propose une « interface entre l’art-en-train-de-se-faire et son état patrimonial ».
Deux artistes aux œuvres très différentes, Agnès Thurnauer et Franck David vont bientôt (début 2003 pour la première, Avril 2002 pour le second) être exposés au Palais de Tokyo. Ils ont accepté de répondre à des questions visant à cerner leur place dans – et leur point de vue – sur ce centre d’art, mais aussi plus largement à définir le rapport privilégié de leur travail artistique avec la ville.

Agnès Thurnauer ou la pratique de l’écart

FRANCIS COHEN/MICHELE COHEN HALIMI : Que signifie pour vous une exposition au centre d’art du Palais de Tokyo ?
AGNES THURNAUER : C'est d'abord ma première exposition personnelle à Paris. Si j'ai en effet participé à plusieurs expositions de groupe, n'étant pas en galerie, je n'ai pas eu l'occasion de montrer un véritable ensemble de pièces. Il est à ce titre intéressant de noter que cette opportunité m'est offerte par un lieu public et non privé. Ensuite il se trouve que cela arrive à un moment important pour moi dans mon travail, où il me semble avoir avancé de façon déterminante dans la réflexion que je poursuis sur l'espace du tableau comme lieu de parole contemporaine. Enfin je ressens comme une véritable adéquation, ou en tout cas une correspondance, le fait de parler de ce grand chantier qu'est pour moi le travail du tableau, un chantier ouvert, toujours en devenir, dans cet autre chantier qu'est aujourd'hui le Palais de Tokyo à Paris.

Franck David ou les Lignes de définitions

MICHELE COHEN-HALIMI : Quelle est pour vous la fonction du centre d’art qui vient d’ouvrir ses portes dans une des ailes du Palais de Tokyo ?
FRANCK DAVID : C’est un des lieux à Paris qui a pour fonction de montrer le travail d’artistes qui n’ont pas encore une grande place nationale ou internationale. La galerie du Jeu de Paume qui devait tenir ce rôle l’a abandonné au bout de deux ans. Reste l'Arc. Il n’y a pas d’autre lieu qui ait cette vocation à Paris avec une surface aussi importante. Il s’agit de montrer le travail de jeunes artistes dont l’œuvre est déjà assise mais méconnue.

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Nb : la totalité de cet article et de ces deux entretiens est disponible dans la version papier de Cités.