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  Dossier : L’art et la ville
New York, Paris, Barcelone
 
 

Art et violence urbaine

Carole Talon-Hugon


Dans le tableau de Lucas Cranach l'Age d'or (vers 1530), l'humanité primitive connaît le bonheur non dans une ville mais dans un jardin. Toutefois, l'Ancien Testament, s’il s'ouvre sur le jardin d'Eden, s'achève sur la perspective de la ville, en l'occurrence la Jérusalem nouvelle dont parle Ezéchiel (40-48). La cité par opposition non pas au jardin cette fois, mais au chaos de l'état de nature, incarne et réalise l'accord de l'état social. Toutes les utopies sont là pour l'attester : des projets de Thomas More (l'Utopie, 1516) à ceux de Robert Owen (créant New Harmony aux États-Unis en 1825), en passant par les villes idéales de Campanella, de Francis Bacon et de Claude Nicolas Ledoux, toutes font de la ville ainsi que le dit Henri Lefèbvre « le lieu même de l'urbanité », où biens et personnes circulent en sécurité. Mais précisément, ne s'agit-il pas là d'utopies, et les villes sont-elles vraiment issues de la raison humaine, et propices à l'entente raisonnable de ceux qui l'habitent ? Le problème récurrent de la violence urbaine n'invite-t-il pas plutôt à regarder du côté de la Genèse qui lie violence et fondation de la première ville en attribuant celle-ci à Caïn après qu'il eut tué son frère Abel (Genèse, 4-17) ?

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.