New
York moins le quart
François Noudelmann
La disparition spectaculaire des tours jumelles qui ponctuaient le sud
de Manhattan a suscité les sentiments divers de la fascination
: l'épouvante devant des milliers de vies soudain englouties, l'effroi
face à la puissance de la terreur, mais parfois la satisfaction
de la haine, ou le sublime de l'horreur. La diffusion compulsive de cet
effondrement nous a maintenu dans une stupeur à double effet :
l'image a figé les deux tours en objet d'un spectacle sacrificiel
quand le discours en édifiait la charge symbolique. La signification
politique et emblématique assignée par leurs auteurs à
cette destruction massive et terroriste l'a emporté : c'est un
symbole de l'orgueil états-unien qui a été abattu,
à la fois dans sa prétention à la grandeur, et par
la concentration capitaliste que représentait le World Trade Center.
Mais ceux qui n'ont pas vécu l'événement dans son
seul régime spectaculaire ou par la seule passion anti-américaine
ont compris qu'à travers l'effacement d'une partie de New York,
l'idée même de la ville a été touchée.
Un emblème urbain a été détruit, qui tenait
la ville dans un certain paysage, une composition visuelle, architecturale
brusquement rompue. Pour autant ce rappel ne souligne pas une valeur esthétique
oubliée au profit du drame humain, car le gratte-ciel ne se résume
pas à une sculpture, il présente une construction sociale,
un rapport des êtres à l'espace, à la cohabitation,
à la circulation.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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