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  Dossier : L’art et la ville
New York, Paris, Barcelone
 
 

New York moins le quart

François Noudelmann


La disparition spectaculaire des tours jumelles qui ponctuaient le sud de Manhattan a suscité les sentiments divers de la fascination : l'épouvante devant des milliers de vies soudain englouties, l'effroi face à la puissance de la terreur, mais parfois la satisfaction de la haine, ou le sublime de l'horreur. La diffusion compulsive de cet effondrement nous a maintenu dans une stupeur à double effet : l'image a figé les deux tours en objet d'un spectacle sacrificiel quand le discours en édifiait la charge symbolique. La signification politique et emblématique assignée par leurs auteurs à cette destruction massive et terroriste l'a emporté : c'est un symbole de l'orgueil états-unien qui a été abattu, à la fois dans sa prétention à la grandeur, et par la concentration capitaliste que représentait le World Trade Center. Mais ceux qui n'ont pas vécu l'événement dans son seul régime spectaculaire ou par la seule passion anti-américaine ont compris qu'à travers l'effacement d'une partie de New York, l'idée même de la ville a été touchée. Un emblème urbain a été détruit, qui tenait la ville dans un certain paysage, une composition visuelle, architecturale brusquement rompue. Pour autant ce rappel ne souligne pas une valeur esthétique oubliée au profit du drame humain, car le gratte-ciel ne se résume pas à une sculpture, il présente une construction sociale, un rapport des êtres à l'espace, à la cohabitation, à la circulation.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.