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  Dossier : L’utilitarisme aujourd’hui
Une philosophie du bonheur ?
 
 

La complexité de la notion
d’utilitarisme dans les sciences sociales


Pierre Demeulenaere


Les mots d’utilité et d’utilitarisme tels qu’ils sont employés dans la littérature des sciences sociales et de la philosophie morale sont ambivalents et peuvent prêter à confusion dans la mesure où ils renvoient à des définitions conceptuelles assez variées, dont la diversité n’est cependant pas toujours mise en avant de manière précise.
Une première distinction s’impose dans l’usage de la notion d’utilitarisme. Si Bentham ne réalise évidemment pas l’introduction de cette notion d’utilité dans la tradition philosophique, la spécificité de sa théorie générale, telle qu’elle s’exprime dans les Principles of Morals and Legislation est marquée par l’intégration de deux perspectives, la première permettant d’accéder à la seconde.
Il y a d’abord une théorie de l’action individuelle. Celle-ci est décrite comme mue par la recherche du plus grand bonheur, ou encore la maximisation du plaisir. Il y a chez Bentham un certain nombre de termes qui sont employés de manière plus ou moins directement équivalente (et qui seront ensuite distingués) : utilité, bien-être, bonheur, plaisir.
A partir de là se construit une autre perspective, qui certes s’appuie sur la première : il s’agit de rechercher les conditions de la maximisation de l’utilité globale de la société à travers une législation appropriée.
Ces deux aspects (la logique individuelle de l’action interprétée en termes de recherche du plus grand avantage d’un côté et la maximisation globale de l’utilité de l’autre) sont distincts et ont donné lieu à deux traditions de pensée et à des domaines de recherches relativement hétérogènes, même si leur problématique reposant sur la définition de l’utilité, les relie inévitablement.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.