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  Dossier : L’utilitarisme aujourd’hui
Une philosophie du bonheur ?
 
 

L’utilitarisme contemporain,
une théorie générale des valeurs


Jean-Pierre Cléro


Si l’on s’en tenait à la majorité des publications qui portent sur les questions morales, juridiques et politiques, en langue française, pour se faire une idée de l’utilitarisme, on obtiendrait une figure singulièrement difforme où pullulent tant de contradictions qu’il faudrait se demander comment cette famille de pensée peut être aussi vivace et féconde dans les pays anglo-saxons. Son principe fondamental, classiquement formulé comme « le plus grand bonheur pour le plus grand nombre », -justement attaqué du point de vue logique et désormais commué en une recherche maximale d’utilité pour un groupe donné, ce groupe s’étendît-il à l’humanité entière- est dénoncé par ses adversaires, tantôt comme la règle d’une doctrine utopique du bonheur, issue des Lumières, tantôt comme un principe de calcul, réaliste certes, mais réducteur voire cynique. L’utilitarisme aurait, au nom de la compatibilité recherchée des plaisirs et des peines, complètement sous-estimé la part d’irrationalité en l’homme et soumis les individus, politiquement et socialement, à une raison étriquée, sans Idée, vassalisée par les intérêts. On pourrait certes invoquer les plaisirs pour contrer cette image désastreuse, mais on tomberait alors sur la critique que, ainsi retaillés par le calcul, ils manquent de vivacité.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.