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  Dossier : Le travail sans fin ?
Réalités du travail et transformations sociales
 
 

Le paradigme de Pénélope

Didier Deleule


Pénélope doit certes s’adonner aux tâches coutumières de surveillance du palais, de démonstrations effectuées devant les servantes dans les divers secteurs de la gestion du domaine, de collaboration nécessaire qui exige que l’on mette la main à la pâte (responsabilités féminines qui feront encore l’objet d’une description minutieuse dans l’Economique de Xénophon); mais le travail de tissage, qui constitue - c’est le cas de le dire - la trame de la relation amoureuse que Pénélope entretient avec le souvenir d’Ulysse, va bien au-delà de cette distribution ordinaire des tâches, puisqu’il relève du stratagème (mêchanê) et même de la ruse (mêtis). Il s’agit, comme on sait, de flouer les prétendants en les faisant lanterner. Autrement dit, il importe, pour Pénélope, de gagner du temps jusqu’à l’hypothétique retour de son époux. En l’espèce, il n’est nullement question de remettre l’ouvrage vingt fois sur le métier, c’est-à-dire de le perfectionner, l’amender, le peaufiner; tout au contraire, il est urgent de différer l’achèvement de l’ouvrage en défaisant la nuit ce qu’on a fait le jour.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.