Introduction
Emmanuel Picavet
Dans le cinquième numéro de Cités, un débat
fondamental a été ouvert autour du rôle social et
de la politique des pratiques éthiques (formation de jugements
faisant autorité, interventions personnelles liées ou non
à la qualification professionnelle du locuteur, recherche de consensus,
clarification des enjeux, ingénierie éthique des débats
publics et des déontologies professionnelles, etc.). Il faut s'intéresser
en particulier à la bioéthique institutionnelle telle qu’elle
s’est développée, au cours des dernières décennies
dans les pays industrialisés, en symbiose avec les intérêts
du monde biomédical, dans une démarche d’accompagnement
de ce que l’on décrit comme “la science” ou “la
technique”.
L’importance de la question est bien illustrée par des événements
récents particulièrement spectaculaires, par exemple la
légitimation “éthique” récente par certaines
instances officielles des pays occidentaux de la transformation radicale
de l’être humain en objet (matière première
ou produit manufacturé selon le cas), à travers les avis
et les orientations concernant l’expérimentation sur l’embryon
humain (que l’on qualifiait il n’y a pas si longtemps, et
à juste titre, de “personne potentielle”) et le clonage
thérapeutique (comportant la création délibérée
d’embryons humains en vue d'une certaine utilisation, et non de
la vie humaine indépendante à laquelle ils pourraient pourtant
parvenir.
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