Existe-t-il
une culture du divertissement?
Guillaume Le Blanc
Le sens du mot culture a changé. En 1938 Marrou formule ce qui
lui semble être une évidence. "Culture... se limite
au domaine intellectuel, spirituel; elle laisse en dehors d'elle (alors
que la civilisation l'accueille), la vie économique, matérielle,
la technique". Cette évidence restera longtemps non interrogée.
L'article "Culturalisme et culture" du Dictionnaire critique
de la sociologie rappelle à son tour, en 1982, qu' "il
est préférable de réserver le qualificatif de culture
à l'ensemble des artefacts et mentefacts (c'est-à-dire
les produits de l'art et de l'esprit)" tandis qu' "en dehors
de la culture il existe aussi ce qu'il faut bien appeler la réalité
sociale" . Le divertissement ne peut entrer dans la culture car il
n'est que l'une des formes profanes de la vie ordinaire. Au mieux peut-il
valoir comme un élément éphémère de
civilisation, une pratique particulière de la vie sociale. Le divertissement
est trop ordinaire pour entrer dans les cadres sacrés de la culture.
Pourtant un changement se produit. En une formidable extension, la culture
est rapportée, en 1992, à "l'ensemble de la vie quotidienne"
et désigne de ce fait, outre "le travail, les obligations
familiales, les obligations spirituelles, les loisirs" . Le divertissement,
à l'origine des loisirs, autrefois rapporté à une
stérile agitation, est désormais porteur d'un type de culture…
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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