L’Europe
et le fascisme
Hermann Heller
Avant-propos à la première édition
L’Etat européen est actuellement confronté à
une crise difficile et dangereuse ; sa forme et son contenu ont un besoin
urgent de renouvellement. Ce qui s’offre à nous pour cette
réforme de la tête et des membres, à côté
du bolchevisme dont les plans de révolution mondiale ne font plus
aujourd’hui beaucoup parler d’eux, c’est avant tout
l’exemple du fascisme. Nous avons tout lieu de nous poser la question
de savoir ce que le fascisme a à dire à une Europe tombée
politiquement malade. C’est aussi un fait que le temps est aujourd’hui
très loin où Mussolini expliquait que le fascisme n’est
pas un produit d’exportation. Entre-temps, il ne s’agit pas
seulement du fait que l’Espagne, le Portugal, la Grèce, la
Pologne, la Hongrie et la Turquie ont plus ou moins bien imité
le fascisme – un fait dont on ne doit pas s’acquitter trop
facilement par la constatation, certes exacte, qu’il s’agit,
en y incluant l’Italie, des pays qui ont le taux d’analphabètes
le plus élevé en Europe. Le fascisme italien est en lui-même
ce qui élève aujourd’hui la prétention de former
le visage du nouveau siècle. « Jusqu’à maintenant
», pense un de ses dirigeants représentatifs, « le
siècle a vécu du trésor d’idées du siècle
passé et n’avait pas encore pu élargir son propre
horizon par la création de nouveaux mythes tandis qu’il consumait
ceux qui étaient hérités du passé. Le fascisme
crée les nouveaux idéaux, ouvre les nouvelles frontières
de la pensée politique, élabore la nouvelle théorie
de l’Etat, accomplit l’expérience historique de son
propre programme et offre aux peuples civilisés une somme d’idées
et d’œuvres qui suffiront à remplir le siècle
en cours et à lui donner son caractère et son nom. »
Quelles sont les œuvres et les idées que cette révolution
mondiale a à nous offrir ? L’année 1928 a donné
un terme provisoire à l’organisation de l’édifice
d’Etat fasciste, et nous permet aujourd’hui de faire le point
sur ce qui été accompli en Italie. Le présent ouvrage
vise à décrire cet édifice aussi bien que le monde
spirituel d’où il est né et qui le porte, pour pouvoir
répondre à la question de savoir si et ce que l’Etat
européen a à apprendre du fascisme.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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