La
crise de l’autorité politique
Entretien avec Jean-Pierre Chevènement
Propos recueillis par Robert Damien
ROBERT DAMIEN : Monsieur le ministre, en tant qu’homme politique,
en tant qu’homme d’état, est-ce que la question du
chef se pose en des termes nouveaux pour vous ?
JEAN-PIERRE CHEVENEMENT : C’est un concept qui, du point de vue
d’un démocrate, n’est pas très sympathique.
Car, quand on dit chef, on sous entend un chef prédestiné
par la naissance ou par une sorte de charisme, et qui s’impose aux
autres indépendamment de toute argumentation raisonnée.
Du point de vue du républicain, ce qui vient d’abord, c’est
le citoyen, c’est le débat républicain, avec les conflits,
les arguments, les oppositions qui déplacent les lignes, qui font
qu’à la fin une volonté générale, d’ailleurs
précaire, se manifeste. Et, naturellement, ce qui fonde la légitimité,
c’est l’élection. Alors, je ne dis pas qu’il
n’y a pas des hommes ou des femmes qui ont un certain charisme,
une certaine capacité de rassembler autour de leur personne. Mais
encore faut-il que cette capacité soit sanctionnée par un
vote, à l’issu d’un débat ; c’est cela
qui fonde une autorité démocratique. Naturellement, il y
a quelque chose d’un peu conventionnel dans cet énoncé,
qui fait que sera considéré comme le dépositaire
légitime de l’autorité, celui qui aura été
élu. Et il me semble que, en démocratie, c’est le
fondement de l’autorité, que toute autorité est une
autorité qui, d’une certaine manière, s’argumente,
prend le citoyen à témoin, lui fait faire un certain cheminement.
Et ensuite, libre au citoyen de révoquer le jugement qu’il
a prononcé.
(...)
Nb : la totalité de cet entretien est disponible dans la version
papier de Cités.
|