Les
vertus du commandement selon de Gaulle
Lucien Jaume
“Les armes furent, de tout temps, les instruments de la barbarie.
Elles ont assuré contre l’esprit le triomphe de la matière,
et de la plus pesante. Constamment, la raison en fut opprimée,
le jugement bafoué, le talent meurtri. Point d’erreurs qu’elles
n’aient défendues, point d’ignorants qui n’y
recourussent, point de brutes qui ne les aient brandies”. Quelle
plume du XIXe siècle, quel émule de Lamartine ou de Chateaubriand,
semble dénier ainsi toute positivité à l’ordre
militaire ? Il s’agit en fait d’un soldat du XXe siècle
: en 1932, le commandant de Gaulle, reprenant en partie des conférences
qu’il avait données à l’Ecole supérieure
de guerre cinq ans plus tôt, expose que les armes ont aussi été
sources d’investigations pour la science et pour l’art, qu’elles
ont “ accompli le meilleur et le pire ”, et que sans elles
il ne pouvait y avoir ni la chrétienté ni les droits de
l’homme. L’ouvrage intitulé Le fil de l’épée
présente un étonnant ensemble de ce qu’il faut bien
appeler la philosophie politique et militaire du futur général
de Gaulle. On retiendra ici le portrait du chef militaire qui se dégage
progressivement à travers un avant-propos et cinq chapitres vigoureux
; ce chef militaire pouvait être le maréchal Pétain,
qui avait appelé de Gaulle à son cabinet de vice-président
du Conseil supérieur de la guerre pour écrire cet ouvrage.
il pouvait être, de façon plus probable, l’idéal
du moi de Charles de Gaulle, comme d’autres l’ont dit (rageusement)
dès les conférences de 1927. Toujours est-il que l’officier
de Gaulle prenait le contre-pied de nombre de principes qui lui avaient
été enseignés à la même Ecole supérieure
de guerre où il n’avait été reçu qu’au
33e rang, et dont il sortira 52e sur 129.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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