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  Dossier : Qu’est-ce qu’un chef ?
La crise de l'autorité aujourd'hui
 
 

Pathologies de l’autorité
Quelques aspects de la notion de “personnalité autoritaire” dans l’École de Francfort


Stéphane Haber


C’est dans les premiers essais théoriques d’Erich Fromm publiés par la Zeitschrift für Sozialforschung au début des années trente que l’on trouve une première élaboration des notions de « personnalité autoritaire » et de « caractère autoritaire ». Une sociologie psychanalytique, explique Fromm, ne saurait se ramener, comme le suggère une lecture possible de Freud, mais qui d’ailleurs ne respecterait pas vraiment son originalité, à une application à un macro-sujet, le groupe, d’hypothèses d’abord acquises dans l’étude de l’individu. Elle doit partir plutôt du principe du caractère hautement modifiable de la libido individuelle pour montrer comment celle-ci se trouve en partie modelée par les conditions sociales et explique en retour leur stabilité historique. C’est une caractérologie qui fournit le maillon essentiel à la construction, si l’on entend par caractère la manière dont les modes de la satisfaction ou de la non-satisfaction de la libido se stabilisent en dispositions durables, et c’est elle qui permet de parcourir tout l’arc qui va des catégories psychologiques au diagnostic sur le monde contemporain. Ainsi, au vu du portrait du bourgeois qui ressort des études historiques de Weber et de Sombart, Fromm, suivant les suggestions de l’essai de Freud sur « Caractère et érotisme anal » , n’a pas de mal à y reconnaître les traits dudit caractère, dominé par des passions telles que l’avarice et l’envie, la discipline, la méticulosité et le goût obsessionnel de l’ordre, qui constituent d’abord pour lui (dans le contexte troublé de la crise du régime de Weimar) un syndrome favorisant l’émergence d’autorités politiques répressives et la fascination pour les pouvoirs forts.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.