L'autorité
en perspective
La nomographie comme science de l’autorité
Jean-Pierre Cléro
On a souvent rendu hommage à Foucault parce qu’il avait vu
que le pouvoir ne s’exerçait pas seulement à la façon
verticale de la souveraineté politique, mais qu’il s’appliquait
aussi horizontalement, en pénétrant tous les domaines de
la société civile. En supposant qu’il s’agisse,
quand elle concerne le pouvoir, d’une découverte, la même
remarque, appliquée à l’autorité, n’en
est, à coup sûr, pas une ; l’autorité s’est,
très tôt, trouvée écartelée sur les
registres les plus divers, même lorsque l’analyse en était
faite à des fins de philosophie politique. Ainsi, lorsque Hobbes,
dans le Léviathan, développe l’explication du contrat
politique par la transmission d’un droit à un souverain,
analyse-t-il, dans le fameux chapitre XVI du Livre I, l’autorité
en des termes qui débordent largement la sphère du politique
: « Les paroles et actions de certaines personnes artificielles
sont reconnues pour siennes par celui qu’elles représentent.
La personne est alors l’acteur ; celui qui en reconnaît pour
siennes les paroles et actions est l’auteur, et en ce cas l’acteur
agit en vertu de l’autorité qu’il a reçue ».
L’autorité n’est pas une qualité mais elle est
la désignation d’un être, qui n’a pas forcément
d’existence empirique, censé avoir fait tel ou tel acte,
avoir prononcé telle ou telle parole, et engager par là
tous ceux qu’il représente. On conçoit l’intérêt
juridique et politique de cette notion qui permet d’agir au nom
d’autres personnes ; mais on comprend aussi qu’elle déborde
largement cette sphère juridico-politique. Le rassemblement en
un sujet, voire en un sujet de sujets, soit une collectivité, n’est
pas le seul fondement de l’autorité.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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