Pourquoi
moraliser les normes cognitives ?
Christiane Chauviré
Longtemps illustrée en France par des penseurs d’élite
comme Jules Vuillemin, Gilles Granger et Jacques Bouveresse, la philosphie
analytique connaît en France une certaine diffusion depuis les années
1990, avec un partage entre deux tendances que divisent des questions
de fond et d’idéologie. L’une de ces tendances a adopté,
en matière notamment de philosophie des normes, une posture idéologique
publique, dont on trouvera des exemples dans un numéro de la revue
Philosophie coordonné par Joelle Proust (n°35, 1992), dans
l’interview de François Récanati dans le numéro
du Magazine Littéraire consacré aux “Nouvelles Morales”
(n°361, 1998) ou dans un article du même numéro par Kevin
Mulligan, “Valeur et normes cognitives”, ou dans le livre
de Pascal Engel, La dispute (Minuit, 1997). Cette tendance revendique
et promeut les normes cognitives (vérité, rationalité,
cohérence, etc.) comme si c'étaient des normes morales,
développant un discours moralisateur sur le vrai comme norme, le
pur amour de la vérité qui guide le chercheur etc…
(avec référence à Peirce, qui est à l'origine
de ces bons sentiments). Ces auteurs se présentent comme les philosophes
qui, aujourd'hui, ne sont pas prêts à renoncer à ces
normes. Et ce, notamment, à l'encontre du relativisme blasé
de Rorty. (Il y a, on l'aura compris, deux pragmatismes : le bon, philosophiquement
correct, celui de Peirce ; le mauvais, immoral, relativiste, celui de
Rorty).
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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