La
technophobie
Dominique Lecourt
Rendons-nous à Athènes à la fin du II ème
siècle après Jésus-Christ . Les temps sont troublés,
les cités en décadence, le citoyen en désarroi se
tourne vers les arts divinatoires, les sectes et les pratiques magiques
venues d’un Orient qui fascine. Un philosophe, né à
Samosate en Syrie, y enseigne après avoir voyagé en Asie,
en Grèce, en Italie puis en Gaule comme conférencier itinérant.
Son nom : Lucien, Lucien de Samosate. Philosophe maudit, il a la dent
dure. Il se bat contre la crédulité de ceux qui se plaisent
à croire aux puissances surnaturelles. L’un de ses dialogues
s’intitule L’amateur de mensonges. “ Pourquoi, demande
l’un des interlocuteurs, existe-t-il des hommes qui aiment les mensonges,
alors même qu’ils n’y ont aucun intérêt
personnel ? ” A titre d’exemple, il mentionne le cas d’un
athénien très respecté qui a du goût pour la
philosophie mais qui n’hésite pas à colporter un incroyable
récit. Il aurait été l’associé d’un
dénommé Pancratès - un magicien qui avait appris
les secrets de son art auprès des prêtres égyptiens
dans les temples consacrés à la déesse Isis. Ce Pancratès,
littéralement “ qui peut tout ”, aurait eu le pouvoir,
par une formule magique, de transformer un manche à balai en parfait
serviteur, allant chercher de l’eau, faire les provisions, préparer
les repas. Une fois le service terminé, d’une autre formule,
il aurait eu coutume de retransformer le serviteur en simple balai.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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