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  Dossier : Bienvenue dans un monde meilleur
Sur les risques technologiques majeurs
 
 

Les OGM, entre hostilité de principe
et principe de précaution


Raphaël et Catherine Larrère


Qu’il s’agisse de la pollution des océans, de l’effet de serre, du nucléaire, de la maladie de la “vache folle” ou de la diffusion à grande échelle d’organismes génétiquement modifiés (OGM), on se réfère de plus en plus au principe de précaution. Nous voudrions préciser de quoi il s’agit, et illustrer notre propos au sujet de la commercialisation de plantes transgéniques.

De la responsabilité à la précaution
Dans un ouvrage publié, en 1979 (Das Prinzip Verantwortung), Hans Jonas en appelait à une nouvelle définition de la responsabilité. “Nulle éthique antérieure, affirmait-il, n’avait à prendre en considération la condition globale de la vie humaine et l’avenir lointain et l’existence de l’espèce elle-même”. Si les rapports à la nature ont longtemps fait l’objet d’une technè neutre, c'est en raison du caractère superficiel d'interventions techniques qui ne la perturbaient que momentanément. Les équilibres naturels se rétablissaient d’eux-mêmes. Inépuisable, infiniment plus puissante que l’homme, la nature absorbait l’agir humain. Tel n'est plus le cas de nos jours. La puissance des techniques contemporaines, leur diffusion massive et leur accumulation ont révélé une nature fragile et menacée : l'humanité est en mesure de rendre la terre inhabitable. “L’action a lieu dans un contexte où tout emploi à grande échelle d’une capacité engendre, en dépit de l’intention droite des agents, une série d’effets liée étroitement aux effets "bénéfiques" immédiats et intentionnés, série qui aboutit, au terme d’un processus cumulatif à des conséquences néfastes dépassant parfois de loin le but recherché”.

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Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.